Récits de voyages

Récits de Jessica, du Mont Fuji au Mont Blanc

  1. Accueil
  2. Blog
  3. Récits de voyages
  4. Récits de Jessica, du Mont Fuji au Mont Blanc

Nous gravissons tous les montagnes pour diverses raisons : certains y voient un dépassement de soi, d’autres veulent simplement admirer la vue au sommet. Certains compteront le dénivelé accumulé, d’autres le nombre d’animaux observés. Jessica Boillot quant à elle, a arpenté les montagnes du monde pour faire connaître et aider au financement de deux associations qui lui tiennent particulièrement à cœur : Lyon Japon Nihonjinkai & Nos Voisins Lointains 3.11. Du Pérou au Népal en passant par le Japon et la Réunion, Jessica a terminé son périple de 5 mois dans les Alpes françaises : inspirée et inspirante, nous l’avons rencontrée dans les locaux d’Atalante pour qu’elle puisse nous parler de son projet et de son aventure alpine. Découvrez son récit d'aventure !

Peux-tu nous expliquer d’où vient ton attrait pour le Japon, et nous parler des deux associations présentes dans ton projet ?

« L’amour pour le Japon a commencé lorsque j’avais 17 ans. J’ai vu un dessin animé, Princesse Mononoké , et là dès la première scène, j’ai eu un coup de cœur pour le Japon. Donc j’ai appris le japonais à l’université, en section LEA, et je suis tombée totalement amoureuse de cette langue, de cette culture. Je suis partie au Japon en tant qu’étudiante, puis j’ai été formatrice de français à Kyoto pendant trois ans. Je suis revenue en France pour faire un master, et au moment du stage de fin d’année, je suis retournée au Japon. Mais mon stage qui devait durer cinq mois n’en a duré que deux, à cause de l’accident nucléaire de Fukushima. Suite à cet accident, j’ai passé une semaine à travailler à l’ambassade de France, notamment au sein de la cellule de crise, et puis… la situation était très inquiétante, on ne savait pas ce qu’il se passait, j’ai donc préféré rentrer en France. J’ai refait ma vie en France, en travaillant pour Toshiba et en faisant le lien entre les équipes japonaises et françaises, sur des projets d’énergies renouvelables. Ça a duré 7 ans. J’ai intégré l’association Lyon Japon Nihonjinkai , qui existe depuis 10 ans aujourd’hui, et dont je suis présidente actuellement. Il y a une forte communauté japonaise à Lyon ! Beaucoup d’étudiants, beaucoup d’expatriés, beaucoup de familles. On se réunit autour de temps forts de la culture japonaise comme le Nouvel An. L’objectif, c’est de réunir la communauté japonaise de Lyon et sa région d’une part, et d’autre part de présenter le Japon aux Français de Lyon et sa région. L’autre association s’appelle Nos Voisins Lointains 3.11 , pour le 11 mars 2011  [ndlr : date de l’accident de Fukushima]. C’est une association qui soutient les familles sinistrées de l’accident de Fukushima. On aide les victimes à libérer la parole. Chaque année, des mères et leurs enfants viennent à Lyon pour témoigner sur ce qu’elles ont vécu, et ce qu’elles font pour que leurs enfants puissent vivre dans un monde exempt de radioactivité. Dans le cadre du projet Partage au Sommet, je remettrai les dons le 19 octobre à ces deux associations. »

Pourquoi as-tu choisi la montagne pour ce projet ?

« Il y a une personne qui m’a beaucoup inspirée : Sylvain Perret. Lui, il est parti pendant un an en 2006-2007 et il a collecté des dons pour une association qui fait de la recherche contre le cancer dans le cadre d’un projet appelé « Aux sommets du monde ». Je l’ai trouvé sur Facebook, on s’est appelé, on a échangé et il a été une véritable inspiration pour moi. Mon attrait pour la montagne a commencé il y a 3 ans. J’étais partie au Népal, j’avais fait le tour des Annapurnas . Et je pense qu’on y prend goût… tout ce que la montagne peut nous apporter, déjà à nous personnellement : partir à la rencontre de soi, mais aussi à la rencontre des autres, et toutes ces personnes qu’on va rencontrer. Tout ce que la montagne m’a appris c’est fabuleux, c’est unique. La montagne nous offre des rencontres magnifiques qui nous vont droit au cœur. »

Pourquoi le Mont-Blanc pour terminer une telle aventure ?

projet de Jessica "pour l'amitié franco-japonaise"
« En fait, je voulais faire le Mont Fuji et le Mont-Blanc, pour faire le lien entre les deux pays au niveau des montagnes également. Mais je n’avais jamais fait d’alpinisme du tout… Et je connaissais cette personne à Lyon avec laquelle j’avais travaillé, qui a déjà fait le Mont-Blanc plusieurs fois et qui, quand je lui ai demandé s’il connaissait une agence de confiance qui pourrait m’emmener jusqu’au Mont-Blanc, m’a dirigée vers Atalante . J’étais très contente de l’aventure, parce que tout a été bien pris en charge, tout était bien organisé, le guide aussi, parfait ! Et même les décisions qu’on a dû prendre. J’ai appris qu’en alpinisme, en haute-montagne, moins tu restes de temps, mieux c’est : il faut aller vite, et partir léger… le guide regardait mon sac tous les jours, et il faisait le tri en me disant « ça, inutile, ça, inutile »… et moi qui voulais absolument monter mon drapeau au sommet ! Bien sûr on en a rigolé, au bout de quelques jours il me disait « bon alors Jessica t’as enlevé ton sèche-cheveux ? »… mais bon, je suis un peu têtue alors dès qu’il avait vérifié un sac, je glissais mes peluches-mascottes dans les sacs de mes compagnons pour les emporter avec nous. »
projet de Jessica "pour l'amitié franco-japonaise"

Comment s’est déroulée cette première semaine d’alpinisme ?

« On a commencé par trois jours d’entraînement. D’abord, on a fait le Glacier du Tour pas très loin de Chamonix, et on arrive vers le refuge Albert Ier. Pour le premier jour de l’école de glace, on apprend à mettre les crampons, à marcher avec les crampons sur la neige, sur le rocher… on a fait l’ascension jusqu’à Tête blanche, on a mangé très vite une fois en haut et on est redescendu au refuge vers 14h. Le lendemain, ça devait être la descente du col pour retourner sur Chamonix. Là, Michel notre guide nous dit « On va faire une crevasse ? » et là il faut descendre, vraiment dans la crevasse, et remonter avec le piolet. On croit que c’est facile, dans les jeux-vidéos et les films, mais non c’est super dur ! Cette crevasse n’était pas très profonde, c’était juste 3m, mais on était comme des enfants. L’alpinisme ça a été pour moi un mélange entre un sentiment d’excitation, de joie, et l’adrénaline, la peur qui se développe. Tu te dis « Ah c’est trop beau ! » et « Oh mais j’ai peur ! ». C’est indescriptible, on se sent vraiment vivant. Après la journée de repos, le choix crucial est arrivé : la météo n’était pas bonne pour faire l’ascension du Mont-Blanc, il y avait du vent et de la neige. Donc on s’est concertés, notre guide nous a proposé le Mont Rose ou le Grand Paradis . On s’est dit que le plus important, c’était de passer de bons moments tous ensemble : ce qui compte ce n’est pas la destination, mais vraiment le chemin parcouru ensemble... On a opté pour le Grand Paradis, ça a été une aventure formidable. On était vraiment une bande de joyeux lurons, on a beaucoup rit ensemble. Cependant pendant l’ascension, chacun est concentré sur son propre effort. A 100m du sommet, j’étais avec mon ami Fabrice et le guide, et j’ai connu un moment très fort : j’ai éclaté en sanglots, j’étais fatiguée… mais Fabrice m’a prise dans ses bras, il m’a dit qu’on allait y arriver, il m’a redonné le pep’s nécessaire pour faire ces 100 derniers mètres. Et là c’est un moment tellement beau ! C’est tellement émouvant de faire ces ascensions entourée d’amis qui sont là pour vous soutenir. J’espère pouvoir faire le Mont-Blanc l’année prochaine, une fois la belle saison revenue. »
projet de Jessica "pour l'amitié franco-japonaise"
Au cours de son voyage, Jessica a parcouru près de 1 000 km à pied, 50 000 mètres de dénivelé positif pour atteindre une trentaine de cols et sommets à travers le monde, toujours en brandissant au sommet son drapeau pour l’amitié franco-japonaise. Si vous souhaitez participer à la cagnotte du projet caritatif de Jessica, c'est par ici !